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KEN
PARK isalia, une ville paumée de Californie, Ken Park, un jeune adolescent se dirige tranquillement vers la piste de skate de la ville. Une fois arrivé, il s'asseoit en plein milieu du parc, il sort sa caméra de son sac, la pose pour qu'elle le filme, puis prend un flingue. Il regarde autour de lui. Rien. Personne ne réagit. Il sourit, pose l'arme contre sa tempe et appuie. Pannnnnng. Ken Park faisait partie d'une bande de potes, tous
adeptes de skateboard. Le film va suivre la vie de ces trois garçons et de cette
fille dans leurs familles respectives. Chacun d'eux va vivre une aventure liée
au sexe qui va changer sa vie. Claude
vit avec une mère qui essaie de le comprendre et un père alcoolique adepte de la
musculation qui lui mène la vie dure, il trouve notamment que son fils fait trop
efféminé et voit d'un très mauvais oeil la passion de son rejeton pour le
skateboard. ****uatre amis, quatre aventures dans des familles dysfonctionnelles. Larry Clark frappe fort avec ce film. Lors de sa diffusion au festival de Venise, le film a provoqué un scandale. On lui reproche ses scènes pornographiques. C'est vrai que Larry Clark n'y va pas par quatre chemins: il n'hésite pas à montrer des scénes de sexe plus explicites les unes des autres avec des acteurs qui ont l'air d'avoir 16 ans (Larry Clark affirme que tous avaient plus de 18 ans lors du tournage). On voit ainsi Shawn pratiquer un cunnilingus à la mère de sa petite amie pendant plusieurs minutes. Cela pourrait être choquant s' il n'y avait pas le talent de Larry Clark et si cette scéne n'était pas nécessaire au film. En effet, avec cette scène, on comprend clairement que ce qui intéresse la mère dans cette relation avec un garçon si jeune c'est uniquement le sexe (la femme dirige complètement les opérations et demandera à Shawn de comparer ses performances sexuelles avec celles de sa fille, comme pour se rassurer). Les autres scènes de sexe s'expliquent peut être moins mais la façon de filmer de Clark les rend "belles". On est loin de la vulgarité d'un film porno. La lumière est belle, la photo est parfaite, les acteurs sont sublimes. Un film, ce n'est pas seulement une histoire, c'est aussi des images. Tiffany Limos, l'actrice qui joue Peaches, dit que le film " est au delà du x, il est au delà de tout ce qu'on a jamais vu". C'est peut être exagéré mais c'est assez proche de la réalité. Pour en terminer avec ce coté cru qu'on pourrait reprocher à Ken Park, rappelons que Larry Clark n'a pas voulu faire une fiction mais un film explicite et réaliste, d'où sont refus d'enlever la moindre scéne du film malgré le scandale. e film dénonce l'hypocrisie de notre société décadente pleine de frustrations où les jeunes doivent survivre face à des adultes loin de tous reproches. Le père de Claude qui lui reproche de faire trop efféminé, lui demandera plus tard dans le film, sous l'emprise de l'alcool, de lui pratiquer une caresse buccale. Son homophobie affichée au début du film vole en éclat sous l'effet de l'alcool pour révéler sa vraie nature. Les reproches qu'il faisait à son fils, c'était un moyen pour lui de se rassurer, de s'empêcher à accepter sa propre homosexualité. il ne faisait que transposer son problème sur son fils. Peaches devra, elle aussi, subir les "avances" de son père qui forcera la jeune fille à se "marier" avec lui pour remplacer sa mère. Là encore, l'adolescent est victime du monde adulte qui lui est étranger. Le cadre familial constitue une véritable prison pour ces ados qui ne rêvent que d'une chose: fuir. C'est ce qu'ils feront à la fin. Dans une scène qui tombe un peu comme un cheveux dans la soupe: Peaches, Claude et Shawn se retrouvent, on ne sait trop comment, dans un appartement, ils font l'amour, ils fument, ils sont heureux, loin des obsessions de leurs parents, loin du cadre institutionnel. Mais tous n'ont pas cette chance: tate finit par tuer ses grands parents. Il reconnaitra avoir eu une érection en voyant le corps inanimé de sa grand mère. Tate, c'était l'ado qui a du mal à s'ouvrir à l'extérieur, qui vit assez reclu. Son agressivité du fait de cette incapacité à se lier à d'autres personnes se tournera contre les seules personnes proches de lui: son grand père qui triche aux cartes et sa grand mère qui voyant son petit fils sur le point de la tuer, lui dira juste "je t'aime". Tate symbolise le mec qui ne fait pas parler de lui, assez invisible et qui un jour fait la une des médias après avoir tué. Le sexe tient une place ici aussi: tate n'a jamais eu de petite amie, il se masturbe en regardant les images d'un match de tennis féminin.
Mais avant tout ce film est BEAU. Coproduit par les USA,
la Hollande et la France, cette oeuvre aurait dû être le 1er film de Larry
Clark mais pour diverses raisons, ce n'est que récemment qu'il a pu le
filmer. Cela valait la peine d'attendre. Le montage est vraiment bien fait: on
commence par quelques photos et chaque protagoniste présente l'un des autres.
Tout semble normal puis petit à petit, on découvre que rien n'est aussi simple
qu'il n'y parait jusqu'à l'explosion qui se produit à peu prêt au même moment
pour chaque histoire: le père de Peaches qui découvre sa fille en train
de baiser et qui tabasse le garçon, le père de Claude qui veut une
gâterie, Tate qui tue ses grands parents... et puis tout se re-calme, une fois que
les adolescents se retrouvent seuls, entre eux, loin des adultes, comme pour
dire aux mondes adultes de ne pas s'immiscer dans la découverte du sexe par les
ados. On ne peut évoquer ce film sans
parler des acteurs: pour la plupart novices, leur talent est éclatant. Difficile
d'imaginer que Larry Clark les a trouvé sur une piste de skate et qu'ils
n'étaient jamais passés devant une caméra auparavant. Malheureusement devant le
tollé que ce film provoque partout où il passe (en Australie, on a même assisté à
des descentes de polices dans les endroits le diffusant suite à son
interdiction), il est fort à parier qu'on ne reverra jamais ces acteurs.
Dommage. |
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