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n retrouve un peu la même situation à Rome: niveau pratique sexuelle, on se montre relativement libéré. On accepte que l'esclave serve d'objet sexuel pour son maitre et les relations sexuelles entre deux hommes libres sont tolérées même si elles peuvent donner lieu parfois à quelques moqueries. Ce qui pose probléme c'est, comme en Grèce, la passivité plus que l'homosexualité. On va même jusqu'à penser qu'un homme passif est incapable de bien diriger et d'être un bon politicien. Ce qui n'empêchera pas l'empereur Néron de se marier avec son esclave castré Sporus.
Si les
relations homosexuelles étaient admises à Rome, à condition que ce soit juste
pour le plaisir charnel et que l'homme soit marié à une femme dont le rôle se
limitait à tenir la maison et à élever les enfants, le lesbianisme y était mal
vu. Dans une société mysogine, on voyait dans le lesbianisme une provocation à
la toute puissance masculine.
Mais des voix se font de plus en
plus entendre pour condamner toutes formes d'homosexualité, c'est notamment le
cas de Cicéron. Et peu à peu les lois romaines vont se montrer de plus en
plus sévéres envers les gays.
Ainsi, la Lex scatina de 226 punit d'une
amende l'amour entre deux hommes libres. C'est prèt d'un siècle avant que la
religion catholique ne devienne religion d'état. on ne peut donc pas lier
homophobie et religion chrétienne. Comme le souligne Boswell, la morale
judéo-chrétienne a fait sienne, pour l'essentiel, l'attitude envers la sexualité
des autres codes moraux qui l'ont précédée. Le christinanisme n'a donc rien
inventé et a juste repris des régles qui existaient bien avant sa création.
e christianisme a bien évidemment joué un role dans la place des homosexuels dans notre société et dans la répression. Mais ce n'est pas, comme il vient d'être dit, le christianisme en tant que tel qu'il faut accuser car l'homophobie et les régles condamnant l'homophobie préexistaient au christianisme. Ce serait faire preuve de peu de réflexions que d'affirmer que tout allait bien pour les gays jusqu'à ce qu'à l'arrivée du christianisme.
Le christianisme n'a été que l'eau qui est venue arrosée les graines d'homophobie qui préexistaient dans divers codes moraux de nos sociétés. Et il est fort à parier que si celà n'avait pas été l'église, il y aurait eu une autre religion, une autre idéologie.. qui aurait donné la chance à cette homophobie latente qui n'attendait qu'à se développer. De plus, comme le souligne Yvan Matagnon dans la revue Historia, en février 2002, "L'église sera toujours plus clémente que le pouvoir civil, particulièrement pour ses clercs" concernant les sanctions à infliger en cas d'acte homosexuels.
n 313, la religion chrétienne devient religion
d'état sous l'empereur Constantin. Il faudra pourtant attendre 30 ans
pour qu'une loi réprimant l'homosexualité voit le jour. C'est , en effet, en
342, qu'un texte législatif va condamner l'homosexualité passive. Sous l'influence de
personnes telles que Saint Augustin, ces lois deviennent de plus en plus
sévéres. Après avoir été qualifiées de crime contre la dignité humaine, les
relations entre hommes deviennnent un crime contre nature. En 390, l'empereur
Théodose rejette officiellement l'homosexualité, une « infamie qui
condamne le corps viril, transformé en corps féminin, à subir les pratiques
réservées à l'autre sexe ». La spirale infernale ne fait que commencer.
On ne fait plus le distinguo
passif/actif pour arriver à une condamnation totale de l'homosexualité. Sous le
règne de Théodose (379-395), on prévoit même le bûcher pour de tels
actes. Et les circonstances ne vont pas jouer en faveur des gays. En effet,
l'empire romain doit faire face à des guerres meurtrières. A celà s'ajoutent des
catastrophes naturelles (tremblements de terre.)et des épidémies. L'empire voit
sa population fondre comme neige au soleil.
Le taux de mortalité atteint des
sommets, l'age moyen tombe à 25 ans et moins de 25% de la population arrivera à
dépasser la barre des 50 ans. Il faut réagir et favoriser la procréation. Les
romains doivent faire des enfants pour assurer la pérénité de l'empire. Dans un
tel état des choses, l'homosexualité apparait comme un frein et un danger qu'il
faut éliminer. Ce n'est plus seulement la morale qui se trouve atteinte mais
l'existence de la société même. L'homosexualité constitue une menace pour le
repeuplement de l'empire romain dans la mesure où cette sexualité empêche toute
procréation. On va alors redurcir les lois réprimant l'homosexualité.
Pour faciliter les choses, on va se servir de la religion et affirmer que les tremblements de terre et les épidémies sont des châtiments divins pour punir les homosexuels. En s'en prenant aux gays, on ne fait donc que punir le "coupable" des catastrophes qui déciment l'empire.
L'empereur Byzantin Justinien (527-565) se montrera particulièrement cruel envers les homosexuels: en 553, il fera condamner tout acte homosexuel par la castration et le bûcher.
eu à peu, l'homophobie tend à se calmer. On cesse de voir les homosexuels comme les responsables de tous les malheurs. Celà reste certes une faute mais au même titre que l'adultére, pas plus, pas moins. Le début du Moyen age se caractèrise donc par une relative tolérance même si le terme n'est pas tout à fait exact. On voit même certaines situations saugrenues se produire. Ainsi, des ouvrages de clercs à la gloire de l'amour entre hommes sont publiés. On consacre même un évêque ouvertement homosexuel à Orléans en 1098 sans que le pape Urbain II ne dise quoique ce soit bien qu'il ait été au courant. En Angleterre, les aventures avec des hommes des rois Richard Coeur de Lion et Edouard II d'Angleterre sont de notoriété publique.
Malheureusement ce climat assez tolérant ne va pas durer.
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